Poète, danseuse, chorégraphe, animatrice, en région Rhône-Alpes, depuis 2013 de l'association culturelle La Traversante (organisatrice d'ateliers de danse, d'écritures, de lectures, performances, expositions, mises en scènes...), Estelle Dumortier (née en 1977, à Bruxelles) a publié ses premiers poèmes dans Les Hommes sans Épaules n°25, en 2008.

Elle réalise et met en scène des formes spectaculaires hybrides (GPS – Groupe des Poètes Solidaires ; Cabinet de consultation et de voyance poétiques…), anime des formations, ainsi que des ateliers d’écriture, de lecture et de dramaturgie pour des compagnies, médiathèques, centres d’art, établissements scolaires et universitaires, structures sociales et médico-sociales. Depuis 2018, elle est associée à la médiathèque de Rillieux-la-Pape pour laquelle elle programme et anime des rencontres d’auteurs et soirées lecture.

Ses premières proses poétiques témoignent, dans leur genre, d’une grande qualité, très plaisantes à lire : une vigueur allègre et de bonne santé qui retient toute l’attention. On apprécie à la fois une franchise et un humour. On admire en tout cas la faculté de l’auteur à passer et à repasser sans faiblir du ressenti féminin au masculin, et retour.

Son premier manuscrit, Où l’air ne chute pas, nous laisse une profonde impression. Le poème ici nous plonge dans un extraordinaire effort de reconquête interne du corps ; corps blessé, corps malade, certes, mais dont la parole (malgré une légitimité parfois récusée) s’efforce de sonder la réalité, la matérialité même comme support de la personne, dans un vertige existentiel digne d'une « nausée » sartrienne. Le poème est écrit sans la moindre concession à l’esthétique, sans aucun recours au « flou artistique », sans séduction facile. Tout a été donné dans l’exactitude de la sensation, dans une véracité intransigeante – et sans jamais tricher.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

A lire : Entre les lignes (la rumeur libre, 2021), Où l’air ne chute pas (la rumeur libre, 2022),

Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules

Dossier : ROGER-ARNOULD RIVIÈRE, le poète de la cassure n° 25	DOSSIER : La poésie brésilienne, des modernistes à nos jours n° 49